Voici Volker Schlöndorff, un réalisateur allemand de premier plan à qui l'on a du notamment " Le tambour ". La photo a été prise en 1983, pendant le tournage de " Un amour de Swann ", que Volker dirigeait.
Brillante distribution : Jeremy Irons dans le rôle-titre, Ornela Muti, Alain Delon dans le rôle de l'homosexuel Charlus, Fanny Ardant, Marie-Christine Barrault pour les rôles principaux.
Mais dès la première fois que j'ai vu ce superbe film, j'ai tout de suite eu mon attention attirée par un personnage " secondaire ", le cocher du héros Swann, qui l'emmène partout où il désire se rendre, de jour comme de nuit, sans ménager sa peine, et qui joue un rôle beaucoup plus important que ne laisserait préjuger le générique, l'acteur jouant le cocher étant crédité en bas de liste.
En effet, Jean-Claude Carrière, l'un des scénaristes, grand érudit, n'avait pas du laisser passer l'image mythologique de Phaëton, qui conduisait chez les Dieux grecs le char du Soleil. On sait aussi que le Phaëton était une voiture à cheval très courante chez les aristocrates au temps de Napoléon III et jusqu'à l'apparition des premières automobiles.
Or il se trouve que Swann est un personnage flamboyant, il est brillant, il roule sur l'or, il se consume d'amour, il s'éteint à la fin du film, les cheveux gris comme la cendre. De là à soupçonner les scénaristes d'avoir fait incarner un véritable Phaëton plutôt qu'un simple cocher par cet acteur presque muet mais omniprésent entre deux séquences, afin de renforcer le symbole du soleil qui s'éteint en la personne de son maître, il n'y a qu'un pas à franchir.
Le cocher de Swann apparaît entre les séquences importantes, Swann se déplace sans cesse tout au long de cette journée, comme le soleil commence sa course au matin et la termine à la nuit. Le cocher va emmener Swann partout où il lui sera ordonné d'aller. Mais on s'aperçoit peu à peu que le cocher est très proche de son maître, plus que sa condition ne laisserait supposer, car à un moment clé du film, il lui sert carrément de confident. On se rend compte également que le cocher éprouve beaucoup de compassion pour les souffrances amoureuses de son maître, qui erre à travers la ville à la recherche de son amour, Odette.
Swann est fortuné, le cocher est son domestique, et on sent que la frontière de classe entre les deux hommes, ténue par moments, ne saurait être abolie par une proximité d'affection. Swann n'hésite pas à faire atteler à la nuit sur un coup de tête sa voiture alors que le cocher avait dételé et qu'il avait roulé pour lui toute la journée. Son domestique est à son service, il obéït quel que soit l'ordre et ne proteste que mollement une seule fois dans le film, cherchant à préserver la santé de son patron.
Les images ci-dessous montrent le travail important et très professionnel de l'acteur qui joue le rôle du cocher de Swann, il faut bien se souvenir qu'elles ne sont extraites que d'interséquences, elles sont le fil conducteur qui permet de passer d'une séquence à l'autre.
Repérons d'abord la silhouette du cocher, vêtu de rouge. J'ai éclairci parfois une zone des images pour que ça soit plus visible.
Voici maintenant le couple maître/domestique qui vont se déplacer ensemble tout au long du film.
On les voit passer au milieu d'une " haie " d'autres voitures, ce qui induit l'idée d'un personnage triomphant, Swann, au début de cette maudite journée qui fera l'essentiel du film, est en effet au plus haut de sa splendeur d'homme riche et apprécié de la haute société.
Plus tard, Swann et la fille qui le rend fou d'amour, une demi-mondaine peu scrupuleuse nommée Odette, s'apprêtent à monter dans le véhicule sous le regard du cocher. Odette manifestement ne l'aime pas, elle glisse à l'oreille de Swann " Tu le renverras, veux-tu, je ne l'aime pas... " Swann fait la sourde oreille, on sent qu'il apprécie son cocher.
Rémi le cocher regarde Odette et Swann qui s'embrassent. Il est voyeur avec nous, les spectateurs. Nous sommes assis comme lui et regardons se dérouler cette histoire d'amour.
Plus tard ( il se passe des évènements entre deux déplacements en voiture ), Swann tend un papier avec une adresse à son cocher, qui lui dit " Je sais y aller, Monsieur, nous nous y sommes déjà rendus... " En fait Swann se fait conduire au bordel. On voit donc que Rémi, le cocher, de par sa fonction, connaît la vie intime de son maître.
Le temps passe et Swann, jaloux, s'évertue à essayer de retrouver et poursuivre son Odette qui se laisse entraîner à de multiples endroits par des mondains richissimes. Ici on surprend un regard atterré de Rémi, qui voit son maître souffrir les mille feux de l'enfer.
Un geste presqu'affectueux du bras de Swann, qui touche son domestique, rompant furtivement avec l'étiquette, il a vécu une scène très pénible et ressent le besoin d'une sorte d'amitié et de soutien.
Swann a demandé à Rémi de le suivre au pas tandis qu'il marche. Il est désespéré par l'attitude d'Odette et donc crie sa rage. Lui et son domestiques sont séparés par une statue, qu'on devine être l'évocation dure et froide d'Odette. Rémi écoute son maître mais tout ça le dépasse, c'est un homme simple et pragmatique. Swann l'utilise comme une simple oreille.
Maintenant, Swann et Rémi sont côte à côté, on dirait deux amis, Swann continue à gémir sa rage.
La réalité reprend le dessus, Rémi doit calmer ses chevaux, les maîtriser, tandis que Swann est dans son délire à ses côtés. Rémi est avant tout cocher.
Un peu plus tard, tandis que Swann a réussi à rejoindre Odette chez elle, Rémi est contraint d'attendre dans la rue. Il attend tout le temps du film, longuement entre deux déplacements de son maître. Epuisé par cette trop longue journée, il boit un peu pour se délasser.
Quelques années plus tard, Rémi est toujours cocher de Swann, mais cette fois il conduit deux passagers dans une voiture fermée : son maître, très malade, et la fille qu'il a eue avec Odette. Swann s'est vu rejeté de la haute société qu'il fréquentait, à cause de son mariage avec une demi-mondaine. Rémi est toujours fidèle au poste et attentif.
La dernière fois qu'on aperçoit Rémi, il conduit Swann et sa fille vers leur destin. La voiture est fermée, tout est plus sombre. Finie la jeunesse de Swann, à qui ses riches amis d'antan ont tourné le dos.
Tout à la fin, on voit Swann piéton. Son dernier ami fidèle est Charlus l'homosexuel, joué par Alain Delon, et des automobiles font leur apparition, remplaçant peu à peu les voitures hippomobiles. Charlus se bouche le nez, une façon de montrer qu'il regrette l'ancien temps où les véhicules ne puaient pas cette horrible odeur moderne du carburant.
Dernière image : Odette se promène place du Carrousel du Louvre, endroit fortement connoté sur le plan équestre. En haut de l'Arc, on aperçoit des statues de chevaux.
J'ai fixé l'image du générique défilant, avec le nom de l'acteur ayant joué Rémi le cocher, juste en face de la statue équestre du Carrousel.
La suite de ce sujet sera consacré à l'acteur ayant joué Rémi dans ce film. Qui est-il ? Qu'est-il devenu ?
Brillante distribution : Jeremy Irons dans le rôle-titre, Ornela Muti, Alain Delon dans le rôle de l'homosexuel Charlus, Fanny Ardant, Marie-Christine Barrault pour les rôles principaux.
Mais dès la première fois que j'ai vu ce superbe film, j'ai tout de suite eu mon attention attirée par un personnage " secondaire ", le cocher du héros Swann, qui l'emmène partout où il désire se rendre, de jour comme de nuit, sans ménager sa peine, et qui joue un rôle beaucoup plus important que ne laisserait préjuger le générique, l'acteur jouant le cocher étant crédité en bas de liste.
En effet, Jean-Claude Carrière, l'un des scénaristes, grand érudit, n'avait pas du laisser passer l'image mythologique de Phaëton, qui conduisait chez les Dieux grecs le char du Soleil. On sait aussi que le Phaëton était une voiture à cheval très courante chez les aristocrates au temps de Napoléon III et jusqu'à l'apparition des premières automobiles.
Or il se trouve que Swann est un personnage flamboyant, il est brillant, il roule sur l'or, il se consume d'amour, il s'éteint à la fin du film, les cheveux gris comme la cendre. De là à soupçonner les scénaristes d'avoir fait incarner un véritable Phaëton plutôt qu'un simple cocher par cet acteur presque muet mais omniprésent entre deux séquences, afin de renforcer le symbole du soleil qui s'éteint en la personne de son maître, il n'y a qu'un pas à franchir.
Le cocher de Swann apparaît entre les séquences importantes, Swann se déplace sans cesse tout au long de cette journée, comme le soleil commence sa course au matin et la termine à la nuit. Le cocher va emmener Swann partout où il lui sera ordonné d'aller. Mais on s'aperçoit peu à peu que le cocher est très proche de son maître, plus que sa condition ne laisserait supposer, car à un moment clé du film, il lui sert carrément de confident. On se rend compte également que le cocher éprouve beaucoup de compassion pour les souffrances amoureuses de son maître, qui erre à travers la ville à la recherche de son amour, Odette.
Swann est fortuné, le cocher est son domestique, et on sent que la frontière de classe entre les deux hommes, ténue par moments, ne saurait être abolie par une proximité d'affection. Swann n'hésite pas à faire atteler à la nuit sur un coup de tête sa voiture alors que le cocher avait dételé et qu'il avait roulé pour lui toute la journée. Son domestique est à son service, il obéït quel que soit l'ordre et ne proteste que mollement une seule fois dans le film, cherchant à préserver la santé de son patron.
Les images ci-dessous montrent le travail important et très professionnel de l'acteur qui joue le rôle du cocher de Swann, il faut bien se souvenir qu'elles ne sont extraites que d'interséquences, elles sont le fil conducteur qui permet de passer d'une séquence à l'autre.
Repérons d'abord la silhouette du cocher, vêtu de rouge. J'ai éclairci parfois une zone des images pour que ça soit plus visible.
Voici maintenant le couple maître/domestique qui vont se déplacer ensemble tout au long du film.
On les voit passer au milieu d'une " haie " d'autres voitures, ce qui induit l'idée d'un personnage triomphant, Swann, au début de cette maudite journée qui fera l'essentiel du film, est en effet au plus haut de sa splendeur d'homme riche et apprécié de la haute société.
Plus tard, Swann et la fille qui le rend fou d'amour, une demi-mondaine peu scrupuleuse nommée Odette, s'apprêtent à monter dans le véhicule sous le regard du cocher. Odette manifestement ne l'aime pas, elle glisse à l'oreille de Swann " Tu le renverras, veux-tu, je ne l'aime pas... " Swann fait la sourde oreille, on sent qu'il apprécie son cocher.
Rémi le cocher regarde Odette et Swann qui s'embrassent. Il est voyeur avec nous, les spectateurs. Nous sommes assis comme lui et regardons se dérouler cette histoire d'amour.
Plus tard ( il se passe des évènements entre deux déplacements en voiture ), Swann tend un papier avec une adresse à son cocher, qui lui dit " Je sais y aller, Monsieur, nous nous y sommes déjà rendus... " En fait Swann se fait conduire au bordel. On voit donc que Rémi, le cocher, de par sa fonction, connaît la vie intime de son maître.
Le temps passe et Swann, jaloux, s'évertue à essayer de retrouver et poursuivre son Odette qui se laisse entraîner à de multiples endroits par des mondains richissimes. Ici on surprend un regard atterré de Rémi, qui voit son maître souffrir les mille feux de l'enfer.
Un geste presqu'affectueux du bras de Swann, qui touche son domestique, rompant furtivement avec l'étiquette, il a vécu une scène très pénible et ressent le besoin d'une sorte d'amitié et de soutien.
Swann a demandé à Rémi de le suivre au pas tandis qu'il marche. Il est désespéré par l'attitude d'Odette et donc crie sa rage. Lui et son domestiques sont séparés par une statue, qu'on devine être l'évocation dure et froide d'Odette. Rémi écoute son maître mais tout ça le dépasse, c'est un homme simple et pragmatique. Swann l'utilise comme une simple oreille.
Maintenant, Swann et Rémi sont côte à côté, on dirait deux amis, Swann continue à gémir sa rage.
La réalité reprend le dessus, Rémi doit calmer ses chevaux, les maîtriser, tandis que Swann est dans son délire à ses côtés. Rémi est avant tout cocher.
Un peu plus tard, tandis que Swann a réussi à rejoindre Odette chez elle, Rémi est contraint d'attendre dans la rue. Il attend tout le temps du film, longuement entre deux déplacements de son maître. Epuisé par cette trop longue journée, il boit un peu pour se délasser.
Quelques années plus tard, Rémi est toujours cocher de Swann, mais cette fois il conduit deux passagers dans une voiture fermée : son maître, très malade, et la fille qu'il a eue avec Odette. Swann s'est vu rejeté de la haute société qu'il fréquentait, à cause de son mariage avec une demi-mondaine. Rémi est toujours fidèle au poste et attentif.
La dernière fois qu'on aperçoit Rémi, il conduit Swann et sa fille vers leur destin. La voiture est fermée, tout est plus sombre. Finie la jeunesse de Swann, à qui ses riches amis d'antan ont tourné le dos.
Tout à la fin, on voit Swann piéton. Son dernier ami fidèle est Charlus l'homosexuel, joué par Alain Delon, et des automobiles font leur apparition, remplaçant peu à peu les voitures hippomobiles. Charlus se bouche le nez, une façon de montrer qu'il regrette l'ancien temps où les véhicules ne puaient pas cette horrible odeur moderne du carburant.
Dernière image : Odette se promène place du Carrousel du Louvre, endroit fortement connoté sur le plan équestre. En haut de l'Arc, on aperçoit des statues de chevaux.
J'ai fixé l'image du générique défilant, avec le nom de l'acteur ayant joué Rémi le cocher, juste en face de la statue équestre du Carrousel.
La suite de ce sujet sera consacré à l'acteur ayant joué Rémi dans ce film. Qui est-il ? Qu'est-il devenu ?